Aller voir les produits en magasin et les acheter ensuite sur internet... une pratique qui se développe de plus en plus, baptisée « showrooming ». Les magasins physiques (brick and mortar) deviennent ainsi de véritables showroom, des lieux de démonstration de produits involontaires, dans lesquels les consommateurs n'ont pas du tout l'intention d'acheter. Venus pour « voir » et tester le produit en vrai, ils iront ensuite acheter sur internet... Pour lutter contre cette pratique, et refroidir les clients venus « juste pour regarder », un magasin Australien a décidé de faire payer ces « voyeurs ». L'entrée payante dans un magasin, une idée à creuser ?
Internet, le responsable du phénomène showrooming ?
Internet est, dans l'esprit de nombreux consommateurs, un espace privilégié pour trouver des bonnes affaires, des promotions et des prix toujours plus bas que dans les magasins au coin de la rue. C'est en effet bien souvent le cas, les prix proposés chez de grandes enseignes pure-player sont très attractifs, les économies permises par l'activité e-commerce profitant directement au prix de vente, revu à la baisse. Amazon, l'un des Big Four d'Internet – avec Apple, Google et Facebook – est souvent pointé du doigt comme le principal bénéficiaire du showrooming. Spécialisé dans un premier temps dans la vente de livres, CD et autres biens culturels, le site américain a su se diversifier et se faire une renommée pour son service et ses prix. Mieux encore, Amazon a lancé une application mobile pour scanner les produits en magasin, et voir instantanément leur prix en ligne. Placed, un analyste du comportement des utilisateurs de mobiles aux Etats-Unis, a ainsi identifié au travers d'une étude sur plus de 14 000 personnes, les magasins victimes de ces achats a posteriori sur Amazon. Sans surprise, on y retrouve les grands noms du commerce américain, Best Buy, Toy's R us ou Target pour les plus connus.
Plus généralement, le showrooming s'applique à tous les produits. Si dans un premier temps ce sont les produits qu'il faut voir et « toucher » pour être convaincu qui ont concentré l'essentiel du showrooming (bien électroniques, mobilier), le phénomène se développe. Tous les secteurs sont touchés : alimentation, habillement... Plusieurs réactions sont possibles. Certains magasins alignent leurs prix sur les acteurs du net, et le font savoir via des affichages ad hoc « prix alignés sur le web ». D'autres font le choix de « pénaliser » les voyeurs venus faire du lèche vitrine sans acheter.
Une épicerie australienne fait payer ses clients qui n'achètent rien
A l'autre bout du monde, l'idée d'une épicerie de produits sans gluten (Celiac Supplies) semble être la première en la matière. Un mot de la direction indique aux clients que la visite devient payante (4€) et que ce prix sera bien entendu déduit des achats... « Beaucoup de gens utilisent le magasin comme une référence pour acheter par la suite les mêmes produits ailleurs. Ces gens ignorent que nos prix sont sensiblement identiques à ceux pratiqués dans les autres magasins » explique la direction. Message direct adressé aux adeptes du showrooming, ou volonté de se démarquer des autres magasins physiques ? Difficile de le savoir.
L'initiative de ce magasin en Australie est-elle une idée qui va permettre d'éviter cette transformation des points de vente en véritables showroom ? Pas si simple. En effet, selon une étude de l'Atelier BNP Paribas, en collaboration avec l'IFOP, le futur du commerce passe en partie par la fin du magasin comme on le connait. On peut notamment lire que 74% des Français affirment que « les magasins traditionnels sont amenés à évoluer ». En complément, 23% des sondés ne seraient pas dérangés à l'idée d'abandonner le magasin traditionnel dans l’avenir ! La combinaison de magasins réels avec une activité e-commerce est sans doute la réponse la plus pertinente.